1. Contexte

Ligne du temps :
1886 : fondation du ranch par Henri Master
1957 : le ranch devient une écurie de compétition
1987 : l’écurie devient une école accueillant l’élite
2016 : Margaret Master initie son programme de bourse pour les cavaliers les moins favorisés. Son petit-fils et héritier quitte le domaine.

En selle sur son fidèle compagnon, Margaret Master observait l’étendue verdoyante parsemée ça et là de bâtiments. Et au milieu de tout ça, des hommes et des chevaux s’activaient. C’était son domaine, son oeuvre. Elle était fière de ce qu’elle avait réussi à construire depuis qu’elle avait hérité du ranch à la mort de son père. Certes, le Sacramento Ranch disposait déjà d’une belle réputation en temps qu’écurie de compétition mais c’était elle qui avait dû faire face aux problèmes croissants et avait réussi à prendre les décisions qu’il fallait pour évoluer.

Quand les victoires avaient commencé à se faire plus rares à un moment où l’économie allait mal, il avait fallu trouver des solutions, faire un choix. Margaret avait choisi de mettre à profit le terrain gigantesque et les infrastructures de qualité du ranch pour transformer son domaine en une école, un lieu privilégié où les cavaliers pourraient évoluer et progresser pour parvenir au sommet. Elle s’y était pris assez tôt, dès les premiers signes annonçant que ça allait mal, pour profiter de la réputation prestigieuse du Sacramento Ranch. Les jeunes gens fortunés et étoiles montantes de toutes les disciplines n’avaient pas tardés à venir de tous les horizons, ravis d’associer leur nom à celui d’un lieu si ancien et chargé d’histoire. Même si les victoires n’étaient plus seulement celles de SR, leur nom continuait à y être associé et restait donc un gage de qualité. Le ranch prospérait à nouveau.

Cela aurait pu continuer longtemps comme cela mais Margaret fit deux découvertes presque simultanément. D’abord, elle se rendit compte qu’accueillir autant de jeunes gens aisés et se sachant - ou se croyant - doués, donnait naissance à une ambiance trop élitiste, voir prétentieuse. Cela n’était pas bon pour ces jeunes gens d’évoluer dans un milieu aussi fermé sur lui-même et ne permettant de rencontrer que des personnes de leur statut. Cela les confortait dans une réalité trop réduite. Ensuite, sa rencontre avec un jeune cow-boy des environs lui fit prendre pleinement conscience de quelques chose qu’elle savait mais qu’elle avait relégué dans un coin de sa tête, prise dans son désir de sauver son ranch : le talent n’avait que faire de l’origine. Il existait des jeunes prodiges dans des familles et des milieux moins favorables. Des diamants bruts qui n’auraient jamais l’occasion de briller si on ne leur en donnait pas l’opportunité.

C’était ce que Margaret avait décidé de leur donner, une opportunité. En instaurant un système de bourse permettant au moins fortuné de venir étudier au Sacramento Ranch, elle avait ouvert la voie vers une nouvelle ère et bouleversé l’équilibre. Cela n’avait pas été au gout de tout le monde, notamment de son petit fils qui avait préféré quitter le domaine plutôt que de cautionner ça. Mais la réputation de l’école était à présent trop bien implantée pour que sa décision change quoi que ce soit à son prestige. Bien sûr, certains élèves parmi les plus élitistes avaient préféré partir mais ils avaient très vite été remplacé et la vie avait continué. Les élèves issus de tous les milieux cohabitaient maintenant, bon gré mal gré. La différence sociale provoquaient bien quelques tensions mais dans l’ensemble, Margaret estimait que son pari était une réussite.